Votre oeil aguerri l’aura remarqué : ce blog porte deux catégories intitulées bien investir et bien vivre. Vous ne verrez ici aucune phrase ronflante vous promettant de devenir riche, nulle explication de comment vous pouvez devenir riche grâce à 10 astuces simples ou autre attrape-nigaud de la sorte. Il y a de très nombreuses raisons à cela, mais la première est très prosaïque : définir ce qu’est être riche n’est pas facile du tout.
Tout le monde y va de sa définition, mais je trouve qu’un bon point de départ est cette phrase de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon (anciens sociologues au CNRS, maintenant impliqués en politique, tous leurs livres sont ici) : « La richesse offre la possibilité de libérer son temps et son esprit de toute une série de problèmes matériels qui empoisonnent la vie de la plupart des gens. Mais la richesse, ce n’est pas qu’un niveau de revenu, c’est aussi une façon d’être, une assurance, une aisance, une façon de parler, de se tenir en société, et qui marque l’incorporation physique des privilèges ».
Sur la plupart des blogs de finances personnels on voit des gens qui aspirent à être riche, mais sans réellement savoir ce qu’ils veulent pour eux-même, et c’est un problème car comment atteindre quelque chose dont on n’a pas décidé ce que c’était. Définir la richesse est d’autant plus paradoxale qu’en revanche il est facile de définir ce qu’est « ne pas être riche », être précaire ou être pauvre.
Le dernier cas, le plus malheureux, on peut le définir financièrement comme ne pas avoir assez d’argent pour remplir ses besoins les plus vitaux (je vous renvoie à la pyramide de Maslow pour en savoir plus). Etre précaire, on peux dire par extension que c’est ne plus être pauvre, mais être en situation où un accident de la vie (chômage, maladie, voiture qui tombe en panne, etc.) vous rend pauvre de manière plus ou moins permanente. Mais ensuite, quand on a au moins assez d’argent à la banque pour vivre « normalement » (pour peu qu’on sache définir ce mot), quand est-ce qu’on devient riche ?
Il y a de nombreuses études sur la perception de la richesse, et une définition plus moins officielle. En février 2013, une enquête effectuée par l’IFOP expliquait que pour les français une personne riche est une personne qui perçoit en moyenne un revenu net égal ou supérieur à 6 500 € par mois. Ce seuil parait en fait assez haut, et en vérité il correspond à moins de 2% de la population. Une définition plus formelle est donnée par le centre d’observation de la société : le seuil de richesse est égal à deux fois le revenu médian. En France cela veut dire autour de 3100 euros pour une personne seule, autour de 6000 euros pour deux, et autour de 8000 euros pour une famille avec deux enfants.
Est-ce à dire que la richesse n’est qu’un simple passage de seuil en matière de revenu ? Si c’était le cas, cela voudrait dire qu’un ermite vivant dans le Larzac avec 5000 euros par mois serait moins riche qu’un parisien gagnant 6000 euros par mois ? Personnellement, j’ai un autre point de vue, et je propose la définition suivante : être riche c’est d’abord ne plus être « dépendant » de l’argent et aussi ne plus être dépendant de sa relation à l’argent. La différence entre les deux étant en fait la capacité à ne pas vouloir plus que ce que l’on a déjà une fois atteint un certain niveau de confort (que l’on appellera le niveau de vie souhaité).
Ce blog porte sur ce double objectif et à la capacité à atteindre un stade ou on n’a pas besoin de gagner de l’argent par un travail que l’on aime pas, pendant un temps arbitraire (mais par forcément infini). Au delà d’avoir du patrimoine ou des rentes, cela passe par un travail sur sa relation à l’argent, aux biens matériels, à ses besoins réels et au niveau de vie que l’on souhaite. Cette dernière phrase est importante car elle signifie qu’il faut réfléchir à sa notion personnelle de « réussite » et à ses attentes dans la vie, à ses projets à court/moyen et long terme. Bref, la richesse va au delà de l’argent (mais l’argent est nécessaire pour être riche).
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